le Collectif Emancipation relaie l'appel du collectif Contre Tous Les Placards :
Dès les premiers temps des luttes LGBTQI *1, des trans*2, des inter*3, des gouines, des pédés, des queers - principalement afto-américainEs, latin@s, et pauvres - se battaient contre les flics*4 et les taules de toutes sortes. Iels s'organisaient pour soutenir celleux qui étaient incarcéréEs. Iels leurs envoyaient du courrier, diffusaient des lettres de prisonnierEs, manifestaient…A l'intérieur comme à l'extérieur des murs, ces activistes ne se contentaient pas de demander des améliorations des conditions de détention, mais exigeaient la libération des prisonnierEs et la fin du système carcéral ; puisque l'Etat, sa police et la justice qui l'accompagne sont aux mains de celleux qui nous tuent, nous violent, nous mutilent, nous isolent.
NourriEs par cette histoire des luttes, le 22 janvier dernier avait lieu la seconde édition d'une journée internationale de solidarité avec les prisonnierEs trans, initiée de manière autogérée par des prisonierEs trans*5 et des alliéEs. Tout autour du monde, diverses actions (manifs, ateliers d'écriture de lettres, projection, concert...) ont été menées afin de mettre en lumière les conditions de détention des personnes trans en prison, chercher à les soutenir concrètement en brisant l'isolement de la prison et, plus largement, lutter conjointement contre le système carcéral, la transphobie et toutes formes d'oppressions et de dominations, en nous incitant à nouer des liens de solidarité, dedans et dehors, pour mener cette lutte chaque jour.
C'est pourquoi, nous, quelques personnes trans, en questionnement et allié-e-s en lutte contre tous les enfermements avons ainsi décidé d'organiser une journée de solidarité avec les prisonnierEs trans le 18 mars prochain sur Brest.En tant que personnes trans, nous devons surmonter les représentations sociales qui nous montrent comme des monstres, le regard des autres, la honte, le mépris, et lutter pour exister hors de leurs normes bien trop étroites pour imaginer nos réalités.Les personnes trans, celleux qui ne rentrent pas dans les cases de la binarité et des normes de genre ainsi que les personnes inter*3 doivent mener un combat perpétuel pour survivre dans un monde qui nous marginalise, nous déshumanise, nous criminalise.Les discriminations et les agressions sont quotidiennes et ont lieu dans tous les domaines de la société ; notamment, l'accès au logement, à la santé, au travail, etc. Elles plongent nombre d'entre nous dans un isolement fort et une précarité importante aux lourdes conséquences sur nos vies.
Cette précarisation et ces violences systémiques, inter-personnelles, institutionnelles, etc qui touchent les personnes trans et intersexes amènent une part d'entre nous à avoir recours à des pratiques et des stratégies de défense, de riposte, de subsistance et de survie criminalisées par la justice de classe hétéro-patriarcale raciste. CertainEs d'entre nous peuvent alors se retrouver entre les griffes du système judiciaire et carcéral (d'autant plus lorsqu'elles sont des cibles de choix pour ce système raciste et bourgeois).Les personnes trans et inter incarcérées doivent faire face aux humiliations, à la violence physique, aux agressions sexuelles, et au mépris de l'administration pénitentiaire et des matonNEs.
Le parcours de transition de nombreuses personnes trans incarcérées n'est pas respecté (refus d'accès au traitement hormonal ou a certains soins entre autres), et cela entraine de graves conséquences physiques, émotionnelles et psychiques pour elles. Elles sont placéEs dans des lieux de détention qui ne correspondent pas à leur genre, la plupart du temps à l'isolement ou dans des quartiers spécifiques (comme à Fleury-Merogis) pour - selon l'administration pénitentiaire - les protéger des agressions des autres détenuEs. Cette mise à l'écart ne les protège pas, bien au contraire, de la violence transphobe des matonNEs et crée un isolement extrême (pas d'accès aux activités ni au travail donc à de l'argent, peu de promenades, etc).
La transphobie derrière les murs des taules, n'est que la poursuite de la transphobie existant dans la société, exacerbée par les violences du système carcéral, et le racisme, l'homophobie, le mépris de classe...qui y sévissent.Dans le même temps, il est important de souligner que la stigmatisation sociale qui pèse sur les prisonnierEs, fait partie de la même stratégie utilisée par l’État lorsqu’il parle de “terroristes”, qui vise à justifier les mesures pour "renforcer la sécurité", l'état d'urgence, la surveillance et la criminalisation des mouvements sociaux. Nous profiterons aussi de cette journée pour apporter notre soutien à touTEs les prisonnierEs à travers le monde et plus particulièrement à touTEs les prisonnierEs politiques.
__________________________________________________________Nous ne nous contentons pas de demander de simples améliorations des conditions de détention mais demandons la liberté pour touTEs les prisonnierEs ainsi que la fermeture de toutes les prisons et des autres lieux d'enfermement.En ce jour et tous les autres, organisons nous et soyons solidaires de celleux d'entre nous qui sont enferméEs entre les murs des taules, des HP, des centres de rétention et des placards de toutes sortes !Retrouvons nous à Brest le 18 mars prochain.CONTRE TOUS LES PLACARDS !!FEU A TOUTES LES PRISONS !!Programme de la journée :- A partir de 10h : réalisation d'une fresque et confection de banderoles.A l'Avenir, place Guérin Brest (lieu accessible aux personnes à mobilité réduite).- 12h : partage de pique-nique vegan *6 (si possible sans produits animaux et leurs dérivés (lait, beurre, fromage, yaourt, miel ...).A l'Avenir, place Guérin Brest (lieu accessible aux personnes à mobilité réduite).- 14h : un peu de visibilité en ville- 19h : atelier d'écriture de lettre à des personnes trans incarcérées, écoute d'émissions de radio, présentations et discussions, infokiosque, bouffe vegan, bar sans alcool…(le lieu sera communiqué lors de la journée, ou bien envoyez nous un mail : contretouslesplacards@riseup.net)prix libre et en soutien à des personnes trans incarcéréEsPour plus d'informations : contretouslesplacards@riseup.net
*1 Lesbienne, Gay, BiE, Trans, Queer, Intersexe*2 transgenre, transsexe, travestiEs…*3 personne intersexe (dont les caractéristiques sexuelles (d'un point de vue anatomique, physiologique, hormonal...) ne permettent pas de la classer clairement dans les catégories "mâles" ou "femelles". De nombreuses personnes inter sont mutilées par des chirurginenEs afin de les faire rentrer dans ces catégories.)*4 cf. émeutes de Compton Square ou de Stonewall par exemple.*5 notamment Marius Mason (activiste anarchiste et écologiste condamné en 2009 à 22 ans de prison pour plusieurs actes de sabotage. Il est actuellement incarcéré à Fort Worth, Texas. Site de soutien (anglophone) : https://supportmariusmason.org )*6 mode de vie excluant tous produits animaux et leurs dérivés (alimentaire – végétalisme-, vestimentaire, cosmétique, loisirs …) s'inscrivant dans la lutte antispéciste qui considère que les autres espèces animales ont droit au même traitement et à la même considération que l'espèce humaine.
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